Quelques souvenirs épars
       
       Le 3 septembre 1939 : Ordre de mobilisation générale suite à l'envahissement de la Pologne par les
         troupes allemandes le 1er septembre 1939. Mon père rejoint son régiment

         Le 3 septembre déclaration de guerre à l'Allemagne par l'Angleterre et la France.

         En avril 1940, mon père bénéficie d'une permission. Les yeux embués de larmes lors de son départ pour
         rejoindre son unité je me réfugie sous la table de la cuisine,
prétextant être incommodé par les rayons du soleil
                
 De l’Est de la France sont arrivés en 1940 les familles de réfugiés fuyant les combats. Accueillies souvent précairement car le village n'était pas bien grand (220 habitants) et ne possédait que peu de commerces. Une boulangerie (Lignon), deux épiceries (Douat et Touzet), un bureau de tabac (Gaillaguet), un maréchal ferrant (Douat),  des  ambulants.

Pour un à deux mois, à partir de novembre 1942, la troupe allemande  réquisitionne l’école d’où déménagement au  presbytère : Mairie actuelle.  La rentrée des classes s'est effectuée le 2 octobre 1942. Notre institutrice, Madame Gaubert Denise, précédemment à Cambernard est nommée à l'école de la Salvetat à compter de la rentrée scolaire 1942. En  congé de maternité, elle fut remplacée

Grenades jetées dans le vivier où la troupe allemande récupérait les carpes à la surface.

Malgré notre curiosité nous n'étions pas des plus rassurés au contact des militaires allemands, assez âgés pour la  plupart, qui occupaient notre école.  Le sentiment d'insécurité prévalait.

Consigne des parents de ne répéter à personne les discussions des adultes sur les évènements ou l'écoute de la radio de Londres car des habitants pouvaient être proches du gouvernement  pro allemand d'alors. De ces messages porteurs d'espérances, écoutés religieusement sans en connaître la signification, dépendaient  les actions des résistants.

Le STO (Service Travail Obligatoire). A partir de 1942 en zone libre des travailleurs sont envoyés de force en Allemagne pour participer à l'effort de guerre. Des volontaires, peu nombreux, y allèrent aussi. Mon oncle, célibataire,  fut réquisitionné et parti à Bordeaux pour le mur de l'atlantique. Un médecin allemand le libéra pour maladie. Notre joie lorsque nous l'aperçurent avec sa petite valise. 

Nous subîmes de plein fouet les restrictions alimentaires, d'habillement, etc... Pour certains c'était le manque de tabac qui était rationné par tickets. Même les vieilles grand-mères s'y sont mises afin d'avoir une monnaie d'échange. Me revient en mémoire cet épisode où avec une remorque à bras nous sommes allés avec mon oncle quérir un sac de blé obtenu grâce à quelques paquets de tabac et monnaies.  Sac récupéré sous un ponteau de la route de Pibrac. Heureusement la patrouille allemande ne nous contrôla qu'à l'aller. 

Dans le même registre lors du passage d'un convoi blindé un soldat allemand entré dans la maison au vu des paquets de cigarettes sur l'étagère supérieure du buffet eut une grande déception en constatant qu'ils étaient vides. Il réclama de la nourriture à ma grand-mère mais n'étant pas fermier nous n'avions pas grand chose. Il se contenta donc de quelques oeufs.

A partir du 20 août 1944, effervescence provoquée par la  présence de maquisards armés  à la croisée des routes, aujourd’hui rond-point F. Mitterand. Ils portaient  au bras le brassard FFI  -"Forces Françaises de l’Intérieur". 

 Lors des derniers préparatifs pour la communion privée en l’église du village, en août 1944, dissipation des futurs communiants bien peu  attentifs car  les occupants faisaient  sauter les dépôts de munitions des alentours, en particulier  du côté du Cabirol où les collines dominant Tournefeuille étaient paraît-il truffées de galeries et dépôts.  

J'ai le souvenir d'y avoir vu des panneaux "Minen" lorsque allant  à Colomiers  nous nous étions arrêtés avec   mon oncle non loin du château du Cabirol où était stationné l'état-major et la troupe d'un régiment allemand. 

Après le débarquement le père de ma cousine piquait de petits drapeaux une carte de France. Nous suivions ainsi la progression des troupes alliées.

Cet événement ne s'est pas déroulé sur le territoire de la commune mais a    été plutôt vu par ses habitants que par ceux de Plaisance-du-Touch, lieu du crash. Si j'en parle, c'est que tous les Salvetains empruntant  la route de Colomiers vers En-Jacca ont peut-être remarqué l'allée de platanes du domaine de Soulié, allée à gauche, avant le rond-point des chevaux. Attentifs, certains ont pu se demander ou constater qu'au milieu de l'allée les platanes étaient bien chétifs. La raison en est simple. C'est un chasseur allemand en panne (ou victime d'un sabotage, à ce qu'il c'est dit ?) qui a étêté une vingtaine de platanes et a fini sa chute sur un brabant à défoncer. Le brabant a été  bien tordu, quant à l'avion, il était plus qu'endommagé. Là, le bon réflexe de quelques uns, récupérer un peu d'essence pour les briquets -faute d'essence, à l'époque, l'on employait comme succédané des briquets à mèche d'amadou pour allumer sa cigarette (ou sa pipe).
Pour la petite histoire, le domaine de Soulié, a été le siège d'une usine de traitement du lait pendant de nombreuses années. Connue dans le canton sous le nom de laiterie Patard.

                                        L'Arbre de la Liberté

par Francis Lagarde

 A la libération en 1945 pour fêter la fin de la guerre, Monsieur Patard, propriétaire de la laiterie éponyme située route de Colomiers, a  planté un sapin sur la place de l'Église devant tous les habitants de la Salvetat réunis. P... le garde champêtre avait creusé le trou de plantation.

Une fois l'arbre planté, Monsieur Patard, l'a arrosé avec une bonbonne de dix litres de vin blanc. Il y avait quand même eu des murmures dans l'assemblée qui trouvait dommage le vin employé.
Las, l'arbre n'a pas survécu longtemps, est-ce à cause du vin ou de la sécheresse qui a  suivie ?