LA   SAUVETÉ   CASTRALE

La légende :

Les capitouls fuyant la terrible peste de 1167 s’y réfugient. La localité portera par la suite le nom de La Salvetat Saint Gilles. On sait à présent qu' en 1159, la Salvetat Saint Gilles existait déjà sous cette dénomination, du fait de la création de la Sauveté au bas du Château de Raymond IV. 

Le phénomène de création des sauvetés concerne uniquement le sud-ouest de la France et précède le mouvement des bastides. 

Les Sauvetés  sont des  enclos sacrés balisés par des bornes en pierre appelées «pyramides de sauveté» surmontées de croix. L’église se construit à l’intérieur de cet espace [1]. "Nul ne pouvait, dans ces lieux, être attaqué, saisi ni contraint; chacun y était sauvegardé dans sa personne et dans son avoir" [2]

S'y installèrent, bien sûr, des vagabonds et des fugitifs, mais aussi et surtout des paysans. Ils y avaient la garantie d'être saufs, bénéficiant de ce qu'on appelait alors la salveté--, du latin salvitas, "lieu d'asile", en occitan : salvetat--devenu aujourd'hui sauveté.

Le mouvement de fondation des sauvetés commence au milieu du XIe siècle. En relation avec une phase de paroxysme des violences nobiliaires dans cette région, avec l’arrivée à maturité du mouvement de la Paix de Dieu, enfin avec le mouvement de croissance démographique et le besoin de terres nouvelles. 

Parmi  les dernières sauvetés créées, vers 1140, La Salvetat St Gilles s'est fondée par association (acte de paréage) entre l'Ordre des Hospitaliers et le Seigneur du  château qui en assure la protection. A l'origine, elle était certainement fortifiée par une enceinte en bois ( forêt de Bouconne proche) pour se protéger de la montée des violences de la grande guerre méridionale :

" Les Hospitaliers ayant reçu, (...),   au XIIe siècle,  l'Église, le Château et ses terres, une sauveté s'établit au bas du château . Dénommée  «Salvetat Saint Gilles» son nom apparaît officiellement pour la première fois dans les chartes de l'Abbaye cistercienne de Bonnefont en Comminges en l'année 1159. L'on peut donc penser qu'il s'agit d'une sauveté castrale. Dans un texte du cartulaire de Saint Clar -plus ancien- les lieux avaient le nom de  Saint Jean du Castellar ». [11] 

On ne peut, faute de document, connaître de date  précise -avant 1159- où se substitua le nom de La Salvetat Saint Gilles à celui de Saint Jean du Castellar .

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  [1]   Nos croix des chemins en sont-elles une réminiscence ?
  [2]   Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes, Simin Palay Paris, 1967  
[11]   Études sur les sauvetés castrales" par Gérard Pradalié. 1990. http://www.bastides.org/nouvelle_approche.htm






  
 

SUR LE CHEMIN DE SAINT JACQUES  DE COMPOSTELLE PAR  AUCH

 

Les sauvetés  auraient eu un double rôle : celui de peuplement et de mise en valeur de terres encore vierges, mais également celui d'étapes sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. 

Crée vers 1140, notre Sauveté le fut à l’apogée[12] du pèlerinage vers Compostelle. La notion de « Chemins de Saint Jacques de Compostelle » n ‘existait pas alors et les itinéraires étaient mouvants et multiples. 

La Salvetat Saint Gilles  était-elle la sauveté fondée par les Hospitaliers sur le chemin de Saint-Jacques par Auch, comme le laisse à penser une Bulle du 20 mars 1178 du Pape Alexandre III où il est dit : « l'Ordre possédait deux sauvetés dans le diocèse de Toulouse[13] dont l'une était  "in strata iuxta burgum Legabuni" -au voisinage de Léguevin ? » [14] 

Guy Lavignac et Pierre Casamayor accordent une grande importance aux pèlerins  de retour de Saint Jacques de Compostelle comme diffuseurs de cépages. Les voyageurs goûtent le vin des régions traversées et parfois rapportent des boutures pour les essayer chez eux. La viticulture est soutenue par le clergé qui a besoin de vin pour la messe. 

La tradition viticole de La Salvetat-Saint-Gilles, jusqu’à un passé récent, n’est pas à démontrer. 

La vigne participait au plaisir d’une table accueillante et gourmande. Un souvenir ému pour le cépage Othello[15] qui produisait un vin de table d’une douceur exquise et très riche en arômes (notamment de framboise) .

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[12]     Entre le XIIe et XIVe siècle.
[13]    THOLOSANENSIS  Évêché créé au IIIe siècle. Archevêché le 26 mai 1317. 
[14]    
http://www.lasalvetatautrefois.fr
[15]     Prohibé depuis 1935, seuls les membres de l’association « Mémoire de la Vigne » ont le privilège aujourd’hui d’y goûter !