Article paru dans la Dépêche du Midi le 5/10/2007

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Publié le 10/09/2007 à 09:38 , mis à jour le 05/10/2007 à 16:48

À la suite de la découverte de six bombes allemandes en juin sur un chantier du lotissement des Mimosas aux Ramassiers, nous avions lancé un appel à témoignage, personne n'étant capable de nous fournir des renseignements sur ce mini dépôt de munitions. 

Henri Molina, premier adjoint et historien, qui peaufine le deuxième tome de l'histoire de Colomiers a profité de l'occasion pour mener l'enquête et faire le point de cet épisode local. « Il faut rappeler, dit-il, que la zone libre a été occupée par les Allemands à partir du 11 novembre 1942. Le village de Colomiers a ainsi vu arriver trois cents soldats proposés à la surveillance et à la défense de la zone aéronautique.

Aux Ramassiers, des batteries anti-aériennes ont été installées au pied du coteau correspondant à la deuxième terrasse de la Garonne. C'était une position stratégique permettant une surveillance du ciel à 180°.

TEMOIGNAGES

Mme Montagné, qui avait 11 ans en 1942, se souvient que les Allemands avaient fait un dépôt de bombes sur des terrains appartenant à sa famille dans le prolongement de l'avenue de Gascogne actuelle à Tournefeuille. Elle se rappelle aussi des casemates construites dans les bois attenants.

Jean Belou, pour sa part, a en mémoire le vacarme des explosions de dépôts de munitions le 19 août 1944 sur les coteaux du côté de la Pujouane alors qu'il était chez sa grand-mère à Tournefeuille.

René Azam a été réquisitionné par le STO pour construire une piste bétonnée allant de l'aéroport de Blagnac à la base de Francazal et traversant la plaine des Ramassiers. Le long de cette piste, il y avait des dépôts de munitions gardés par des soldats 24 heures sur 24.

M. Rousseau qui a écrit l'histoire de Tournefeuille possède une photo aérienne prise par les pilotes anglais en 1944 et montrant l'emplacement qu'au moins cinq casemates desservant les postes de défense aérienne placés au pied du coteau de la Pujouane, à l'endroit où ont été découvertes les bombes.

Ces casemates ont été le terrain de jeux des enfants. Gilbert Escoffres les a explorées en 1944 avec ses camarades : « Elles étaient creusées dans le coteau et consolidées à l'intérieur par un soutènement en bois. » Il y a découvert de grosses caisses d'environ trois mètres de long et 0,70 m de large contenant des obus et des stocks de cartouches de mitrailleuses.

Henri Molina pense que le départ précipité des occupants ne leur a pas permis de faire sauter tous les dépôts : « On peut cependant s'étonner que les autorités n'aient pas prévu leur évacuation à la fin des combats ».

    Propos recueillis par Jean-Michel Lamotte