Lien ci-dessous article Dépêche du Midi du 5/10/2007

https://www.ladepeche.fr/article/2007/10/05/26078-la-passionnante-histoire-du-mosquito-de-pujaudran.html

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 Publié le 05/10/2007 à 13:30 , mis à jour à 16:31 La Dépêche du Midi
Qu'est-il vraiment arrivé à ces deux aviateurs américains qui furent abattus le 12 août 1944 dans le ciel gersois et dont l'appareil, un bimoteur De Havilland Mosquito s'est écrasé dans un bois de Pujaudran ? Qui étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Où allaient-ils ? C'est à toutes ces questions dont la plupart étaient toujours sans réponses que deux passionnés du « Groupe Archéo » gimontois, Jacques Lajoux et Jacques Leroux, ont réussi à répondre. Le résultat de leurs recherches est dévoilé pour la première fois au public dans une passionnante exposition présentée à Gimont dans le cadre des troisièmes rencontres de l'aéronautique. Ce 12 août 1944 donc, le lieutenant Ronald Nichols est aux commandes de son Mosquito en vol de reconnaissance. Derrière lui, à plusieurs kilomètres, un groupe de bombardiers encadrés d'une escorte de chasse arrive d'Italie pour bombarder Toulouse et Francazal. Ronald Nichols n'a que 23 ans mais c'est déjà un ancien qui a bouclé un tour de service (une trentaine de missions de combats) sur bombardier B17. S'il a rempilé, c'est parce qu'il a une fiancée en Angleterre et qu'il veut rester près d'elle. Lorsqu'il survole le Gers, il arrive directement de la base de Foggia, en Italie, où il stationne avec le 25 th Bomb group squadron de l'US Air Force. Il y est affecté au terme d'un long périple opérationnel. Aux commandes de son avion, un puissant bimoteur de toile et de bois, il avait décollé d'Angleterre pour rejoindre via Gdansk en Pologne la base de Poltova en Ukraine où il participe à l'opération Frantic. Ce 12 août il vole avec le lieutenant Elbert Harris, navigateur de deux ans son cadet lorsque deux chasseurs américains Mustang se jettent sur le Mosquito dont ils ont confondu la silhouette avec celle d'un Junker allemand. A 12.000 pieds (3.600 m) Elbert Harris arrive à s'éjecter de l'avion en flammes. Ronald Nichols, lui, restera coincé aux commandes jusqu'au crash. Caché par des agriculteurs locaux, Harris sera fêté en héros huit jours plus tard, à la Libération. En fouillant la terre de Pujaudran en 1997, Jacques Lajoux et Jacques Leroux ont retrouvé l'insigne carbonisé de la casquette de Ronald Nichols. Dans une ferme voisine, ils ont récupéré le cache-culbuteurs de l'appareil qui avait été reconverti en abreuvoir à volailles. Ces objets et d'autres encore comme la veste d'Elbert Harris, des accessoires appartenant à l'avion, ou des drapeaux anglais et américain cousus par des paysannes gersoises à la Libération sont exposés dans d'émouvantes vitrines. Grâce à l'association américaine « Commemorative Air Force », une stèle a été érigée le 12 août 2004 à Pujaudran, à l'endroit du crash. Jacques Leroux, qui a mené de patientes recherches dans les archives américaines, a aussi retrouvé au Texas la trace de la famille d'Elbert Harris, malheureusement décédé en 1995. Il a offert un morceau de l'avion retrouvé à Pujaudran et a ramené des photos de l'aviateur. On n'ignore désormais plus rien de l'histoire de ce Mosquito victime en plein ciel gersois d'une bavure. Après cet accident et afin qu'il n'y ait plus d'erreur possible, toutes les queues de tous les Mosquito encore en service ont été peintes en rouge. Un an plus tôt, en août 1943, c'est une forteresse volante B17 qui s'était écrasée à Boulaur. L'équipage au complet s'en était tiré en sautant en parachute au-dessus de Gimont. Daniel Adoue.